Comme beaucoup de mes compatriotes, j’ai décidé en février de relever le défi « Tournée Minérale ». Ce mois s’est avéré riche en enseignement et en leçons de vie. Petit retour d’expérience.

 

Lancée par la Fondation contre le Cancer, la Tournée Minérale consistait, s’il est besoin de le rappeler, en un mois d’abstinence alcoolique totale. Comme l’idée tombait à une période difficile de ma vie, je me suis dit qu’essayer ne pourrait que m’être bénéfique:

  • d’un côté, cela m’amènerait à réduire ma consommation d’alcool (forcément);
  • de l’autre, ce petit exercice de volonté, surtout en cas de succès, ne pourrait que renforcer mon estime de moi, à un moment où j’en avais besoin.

Les bénéfices pour la santé vantés par le site de Tournée Minérale ont achevé de me convaincre.

En toute honnêteté, j’espérais aussi que ce mois d’abstinence volontaire m’amènerait à m’interroger sur mon rapport à l’alcool, et, qui sait, à le reconsidérer. Non qu’il m’apparût particulièrement problématique, mais comme certains de mes amis s’en inquiétaient…

 

Les vertus du jeûne

L’idée d’une remise en question de mon rapport à l’alcool faisait suite à une expérience de jeune de quatre jours menée il y a trois ou quatre ans. Je suis un bon vivant, et la bonne chère comme le bon vin font partie de mon quotidien. Le jeûne mené à l’époque m’avait amené à pas mal de questions sur le rapport que j’entretenais, non avec la nourriture, mais avec l’acte de manger. Je ne soupçonnais pas à quel point manger était devenu pour moi un acte compulsif, et cette « remise à zéro » s’est avérée salutaire à plus d’un titre. J’espérais donc que la tournée minérale, procédant d’une démarche identique, produirait des résultats tout aussi intéressants.

 

Et donc…

Comme je n’avais au départ aucune idée de ce qui m’attendrait, je me suis simplement assigné comme tâche d’observer ce qui se passait en moi à chaque moment où je serais amené à refuser l’alcool proposé ou, le cas échéant, à ne pas en commander ou m’en verser. Certains amis m’ont fait part de leur idée de « joker »: ils s’accordaient trois écarts (parfois seulement deux) sur le mois. Pour ma part, c’était hors de question: soit j’y allais à fond, soit je n’y allais pas. Au final, il m’aura fallu deux bonnes semaines de « rôdage » avant d’y voir clair. Durant ces deux semaines, l’abstinence était réellement un poids: à chaque occasion où j’avais envie d’un verre, ou à chaque moment où j’avais l’habitude d’en prendre un, ne rien boire me frustrait considérablement. Heureusement, je déteste renoncer, ce qui m’a beaucoup aidé. :-))

Passé ces deux semaines, j’ai pu commencer à m’observer avec un peu plus de recul. Le refus était devenu une habitude, et je pouvais donc me concentrer sur ce qui se passait en moi. À ma grande surprise, j’ai constaté que je présentais deux réactions diamétralement opposées lorsque je devais m’abstenir;

  • une relative indifférence: clairement, prendre de l’alcool à certains moments était devenu une habitude, et non un plaisir ou un choix. Du coup, m’abstenir ne s’avérait guère difficile. Tombaient dans cette catégorie le verre de vin du repas de midi, et celui du repas du soir lorsque je mangeais chez moi et non au restau.
  • une frustration plus ou moins grande: manifestement, l’abstinence était plus que pénible à certaines occasions. Principalement les bons repas dans un restaurant de qualité, où le vin fait partie intégrante de l’expérience.

Par ailleurs, j’ai eu l’occasion de passer une ou deux soirées chez des amis non abstinents. J’avais peur de ne pas être dans le même « trip » que ceux qui s’alcoolisaient joyeusement, mais j’ai pu constater que je prenais quasi autant de plaisir, si pas plus, à passer une soirée à rire et à m’amuser sans boire. En toute honnêteté, ça m’a beaucoup surpris, mais c’était plutôt agréable comme constatation. Cerise sur le gâteau, ça m’a évité d’avoir mal aux cheveux le lendemain.

 

Plaisir vs Habitude

Finalement, cette tournée minérale s’est donc avérée très positive. J’ai pu constater à quel point ce qui commence comme un plaisir – prendre un petit verre de vin avec le repas – finit par devenir une habitude, un geste machinal qui ne nous apporte plus vraiment de satisfaction. Pire, non seulement le plaisir disparaît, mais il est remplacé par un agacement lorsque quelque chose vient contrarier l’habitude. Du coup, je me suis mis à observer toutes mes petites habitudes du quotidien pour repérer celles qui avaient démarré comme un plaisir et qui avaient muté de pareille manière. Au final, ce sera la plus grande leçon de ce mois: gare à la répétition trop fréquente des « petits plaisirs », la frontière avec la compulsion n’est jamais loin!

 

Pas d’effets sur la santé?

En revanche, les effets positifs promis par le site de Tournée Minérale ne se sont pas matérialisés: pas de perte de poids, pas d’amélioration du sommeil, pas de différence significative dans la concentration ou le niveau d’énergie. Rien de bien grave, puisque ce n’était de toute manière pas mon objectif. J’ai par contre pu constater que l’absence d’alcool m’a amené à avoir de fréquentes envies de choses sucrées, ce qui n’est vraiment pas dans mes habitudes.

 

Et pour la suite?

Je suis ravi de constater en tout cas que les effets de la Tournée Minérale se prolongent bien au-delà de ce mois. J’ai complètement arrêté le verre de vin du midi, et ma consommation d’alcool a baissé d’un bon tiers depuis la reprise. Ca ne fait bien sûr que 11 jours, mais la tendance a l’air stable et bien installée. Sans oublier le deuxième effet « kiss cool ». Comme j’avais entamé la Tournée Minérale dans une idée de vivre plus sainement, j’en ai profité pour arrêter de fumer. J’avais en effet renoué avec cette détestable en septembre 2016, après près de huit ans d’abstinence. Je suis ravi d’y avoir à nouveau mis un terme. Bref, que du bonheur!