Deux semaines après la rédaction en ligne de La Libre, c’est au tour d’un site du groupe Sud Presse de publier une « information » honteusement pompée sur le site satirique français « Le Gorafi« .
L’article incriminé relayait une news parodique faisant état d’un bug apparu dans la défunte messagerie Caramail. À vrai dire, plagiait serait sans doute plus approprié, puisque le texte avait été copié tel quel sans mention de la source.
Un rapide contact avec la rédaction en ligne de Sud Presse – nettement plus encline à reconnaître ses erreurs que la baudruche suffisante qui dirige La Libre en ligne – m’a appris que l’auteur de cette bourde monumentale a été pendu haut et court ce matin. Il n’empêche: bis repetita non placet. L’accumulation, toutes publications confondues, de telles erreurs professionnelles a de quoi inquiéter.
Excusable? Bof…
D’aucuns, dont mon ami Mateusz, pointeront avec raison les cadences infernales et les salaires de misère qui sont le lot des « petites mains » qui mettent en ligne l’essentiel du contenu dans ces rédactions. Pissant de la copie à longs traits, les rédacteurs seraient bien en peine d’effectuer toutes les vérifications nécessaires s’ils veulent atteindre les objectifs fixés par leur management. Certes. Mais je ne peux me départir d’un profond sentiment de malaise: que devient l’esprit critique, qui devrait malgré tout rester la marque d’un journaliste, si surexploité soit-il ? Comment, à la lecture de cette nouvelle, ne pas soupçonner son caractère parodique? Comment ignorer les autres nouvelles qui s’affichent sur la même page, et dont le caractère farfelu saute aux yeux ?
Si les rédactions en ligne ne sont plus capables de produire de leur propre chef un contenu de qualité, les maintenir a-t-il encore un sens? Pourquoi ne pas se contenter d’un curateur de contenu chargé de relayer les dépêches Belga et les éventuels résumés tirés de la version papier du journal ou du magazine?
La presse belge, malgré une subsidiation intensive, reste une industrie en crise, confrontée au plus grand changement de paradigme de son histoire. En démontrant à plusieurs reprises la piètre qualité du travail fourni par leurs homologues électroniques, journaux et magazines ne sont-ils pas en train de creuser leur propre tombe?